Exposition : Clay Ketter à la galerie Daniel Templon
25 novembre 2009
La galerie Daniel Templon expose du 31 octobre au 31 décembre 2009 les derniers travaux de Clay Ketter.
L’exposition regroupe des peintures et photographies de l’artiste, dont notamment cette photographie intitulée Hickey.
Elle a été prise en 2009, lors d’un travail mené sur trois semaines dans l’état du Mississipi, qui a été ravagé par l’ouragan Katrina en août 2005.
Clay Ketter n’a fait aucune retouche sur ses photos, elles ont été prises à la chambre grand format, depuis une grue pour obtenir ce point de vue aérien, plongeant.
J’ai été profondément ému par cette photographie, d’autant que je ne connaissais pas cet artiste et d’où provenaient ses photos. Tout semblait parfait, de bon goût et puis, quel soucis du détail !
La composition était implacable, construite par les différentes textures, dictées par les matériaux se juxtaposant dans l’image. C’était un plan de maison dont les murs n’existaient plus. En résulte une mise à nu des pièces dont on devine la fonction. Une douche sur la droite, un salon avec couloir au milieu, une chambre à gauche. Les interrogations arrivent vite car le puzzle est incomplet.
Pourquoi cette maison est-elle si endommagée ? Est-ce l’imagination de l’artiste, une photographie documentaire ou une photographie retouchée, créée de toute pièce ? Quoiqu’il en soit, je trouvais la disposition de ces petits carreaux incroyablement juste et harmonieuse. On pourrait croire à une mosaïque dans une photo, comme une peinture dans une peinture. J’ai aussi pensé à une idée de zoom qui fasse apparaître la texture de l’image, avec une granularité plus grande où chaque carreau serait un pixel. L’artiste nous invite à nous rapprocher pour apprécier le détail du bois cassé, puis nous éloigner pour avoir une vision d’ensemble et essayer de trouver la solution à cette image.
Et puis, à mon retour chez moi je lis le dossier de presse de la galerie. C’est donc l’ouragan qui a crée tout ça, la nature est aussi violente que parfaite ! Certes, il y a eu le choix du photographe de faire un sujet sur ces habitations désincarnées, de décider d’un point de vue atypique, d’employer un appareil photographique haute-résolution et d’opter pour un tirage couleur argentique (C-print) qui restitue avec volupté toutes ces informations visuelles ; mais, malgré tout, l’auteur de cette photo reste en grande partie l’Homme au sens large et la nature qui l’entoure. C’est très certainement grâce à la double propriété de cette création (le sujet qui est tout autant auteur que le photographe) que cette photographie est à la frontière entre le document et l’œuvre d’art. Une œuvre art qui a une portée documentaire, consciente ou non est à mon sens toujours plus forte.
Clay Ketter parle, dans une interview vidéo pour le Moderna Museet à Stockholm de son travail, des peintures à ses photographies récentes. Le documentaire est en deux parties.
Partie 1
Partie 2